Premier tour des élections Présidentielles : la réaction en Allemagne

Berlin a suivi de très près la campagne du premier tour de l’élection présidentielle française, craignant notamment la percée de Marine Le Pen. Dès 8.00 heures du matin, les bureaux de vote de l’ambassade de France à Berlin sont pris d’assaut. Dans la file d’attente, les électeurs prennent leur mal en patience et sont inquiets . « Quand on vit à l’étranger, on voit les avantages de l’Europe, dit Sophie Hurler, une franco-allemande de 28 ans. Autour de moi, beaucoup de gens ne comprennent pas que je sois pro-européenne ».

L’Allemagne, pays étranger qui s »intéresse le plus à l’élection

A l’étranger, l’Allemagne était le pays où les recherches sur l’élection présidentielle française étaient les plus intenses depuis l’ouverture des bureaux de vote, devant la Suisse et le Luxembourg. Malgré la percée du Front national, l’Allemagne se montrait soulagée dimanche soir de voir un candidat pro-européen arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle. Comme beaucoup d’autres pays, elle s’est passionnée pour cette campagne.

Rapidement, les politiques allemands ont réagi. La présidente des écologistes, troisième force politique en Allemagne, s’est ainsi déclarée rassurée sur l’avenir de l’Europe. « Le travail d’explication sur la démocratie a payé comme cela a été le cas en Autriche ou aux Pays-Bas (où l’extrême droite n’a pas obtenu la percée espérée, NDLR). L’Europe est notre avenir », a déclaré Simone Peter.

Le camp conservateur (CDU), qui s’était prononcé ouvertement pour le candidat d’En marche! , s’est félicité également de voir un Européen en tête du scrutin. « Le rêve des populistes n’a pas d’avenir en Europe », s’est félicité le député européen Elmar Brok (CDU). Pour lui, Macron a démontré qu’un programme en faveur de l’Europe pouvait être gagnant. « Il est essentiel de ne pas copier les populistes », a-t-il ajouté.

Présidentielle : « Les Allemands ne comprennent rien à ce théâtre »

Le plus difficile pour les Français exilés à Berlin : expliquer à leurs amis allemands stupéfaits « le cirque auquel nous venons d’assister en France ». « Mais qu’est-ce qui se passe chez vous ? m’a-t-on demandé à tout bout de champ », témoigne Romain, un Parisien qui vit à Berlin depuis cinq ans et qui en a « ras le bol de devoir expliquer la corruption chez nous. Les Allemands ne comprennent rien à ce théâtre. Si Angela Merkel avait été soupçonnée d’avoir procuré un emploi fictif à son mari, elle aurait été obligée de se retirer de la course dans les deux jours ». « Moi, ce qui m’a vraiment dégoûtée, c’est l’affaire Fillon, ajoute Violette, chargée de mécénat à Berlin. Imaginez un homme politique allemand qui aurait le culot de se présenter avec une telle affaire. Vote bien ! m’ont dit mes amis ce matin. »

« Dans mon agence, les gens sont choqués par la montée de l’extrême droite. J’ai du mal aussi à expliquer à mes collègues pourquoi les grands partis sont si faibles aujourd’hui », explique Élise, architecte. Difficile, c’est vrai, pour un Allemand d’imaginer que ni la CDU ni le SPD, les grands tankers de la politique allemande depuis la guerre, ne soient peut-être pas présents à l’issue d’une élection de cette importance. La grande peur des Allemands aujourd’hui : un bon score de Marine Le Pen.

« Depuis 1981, je ne vote pas pour quelqu’un, mais contre le FN »

Sur les murs du hall d’entrée de l’ambassade sont affichés les portraits géants des candidats. « C’est déprimant », dit Isabelle, dessinatrice franco-allemande qui vit à Berlin depuis quinze ans. Elle balaie du regard les affiches des prétendants à l’Élysée : « Depuis 1981, je ne vote pas pour quelqu’un, mais contre le FN. Avant, au moins, on votait pour son favori au premier tour et, au second tour seulement, on vote contre le FN. Mais, maintenant, le vote stratégique, c’est dès le premier tour. Même si j’étais convaincue par les idées d’un petit candidat, j’aurais l’impression de sacrifier ma voix en votant pour lui. »

Les Français de Berlin votent traditionnellement à gauche et très peu pour le Front national. Ils expliquent avoir un regard un peu différent de celui des Français qui vivent en France. Ceux qui ont fait le choix de s’expatrier dans un pays européen peuvent difficilement voter pour un parti anti-européen favorable à la sortie de l’Union européenne. Aux élections de 2012, François Hollande était arrivé en tête chez les Français d’Allemagne avec 32,2 % des suffrages, suivi de Nicolas Sarkozy à 28,2 % et de François Bayrou à 14,1 %.

En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/elections/presidentielle-2017/0211991708356-direct-presidentielle-2017-suivez-le-1er-tour-de-lelection-2081660.php#lAAIzFYKLVxHSmKP.99

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