Pour continuer la série des figures emblématiques allemandes (cf. Caspar David Friedrich), nous nous intéresserons aujourd’hui à l’un des plus grands philosophes allemands : Arthur Schopenhauer. Après avoir dressé le portrait d’un homme aussi respecté que critiqué, nous évoquerons les pensées du philosophe à l’égard de la souffrance, pour finir avec une liste non exhaustive de ses plus grandes thèses et essais.

La vie et les inspirations de Schopenhauer

Une vie simple

Né à Danzig en 1788, Arthur Schopenhauer est l’enfant d’un père commerçant et d’une mère écrivaine. Suivant les envies de son père pendant les 16 premières années de sa vie, il devient commerçant tout comme lui. Cela ne l’empêchera pas de se passionner pour la littérature et suite à la mort de son père en 1806 (présumée être un suicide), il se consacrera entièrement à l’étude de la philosophie, allant jusqu’au doctorat.

Schopenhauer était un ami de Goethe et a suivi quelques années universitaires à ses côtés. Tout au long de sa vie, le philosophe n’a jamais eu ni d’enfant ni de compagne de longue durée. Souvent décrit comme un homme solitaire, dépressif et isolé du monde, il finira sa vie aux côtés de son chien Atmâ, mourant en 1860 d’une crise cardiaque.

Ses inspirations

A l’époque où la pensée d’Hegel était la pensée philosophique de référence en Allemagne, Schopenhauer n’a pas hésité à contredire ses thèses. Ses inspirations principales provenaient de la Grèce antique (Platon, Sénèque, Socrate), de philosophes des Lumières tels que Spinoza ou Kant et enfin du bouddhisme. Après sa mort, il inspirera à son tour Nietzsche, Proust, Sartre, Flaubert ou encore Maupassant.

Critique et reconnaissance

Ce qui différencie principalement son œuvre avec celle des philosophes précédents c’est tout d’abord son agnosticisme, mais également sa vision de l’existence humaine qui pour lui rimait uniquement avec la souffrance. C’est pourquoi, beaucoup le qualifient encore aujourd’hui de pessimiste. Néanmoins, après avoir passé sa vie à écrire et à voyager, c’est seulement durant les dernières années de sa vie que son œuvre fût reconnue et récompensée.

La souffrance comme fond de toute vie humaine

Les deux mondes

Dans son œuvre majeure Le monde comme volonté et comme représentation, Arthur Schopenhauer divise le monde en deux : le monde de la volonté auquel nous n’avons pas accès, et le monde la représentation, notre monde, qui est fondé sur les jugements et expériences propres à chaque individu. Le monde de la représentation est régi par l’espace et le temps, tandis que le monde de la volonté n’est pas descriptible par ces dernières notions. L’Homme vit donc dans le monde de la représentation tout en aillant conscience que le monde de la volonté lui échappe. Ainsi, c’est ce manque de réponses quant au sens de son existence qui le mène à la souffrance.

Les sources de souffrance

« La vie oscille, comme un pendule, entre la souffrance et l’ennui » nous disait Schopenhauer, mais d’où vient cette souffrance ? Comme évoqué précédemment, la première source de souffrance provient du manque de réponses à propos du sens de notre existence. En effet, l’Homme est le seul être vivant qui est conscient de deux choses : le fait de vivre et le fait de mourir. C’est cette finalité inévitable qu’est la mort et le fait d’en avoir conscience qui est source de souffrance.

L’autre source de souffrance selon Schopenhauer, ce sont nos désirs, qui une fois comblés laissent place au vide et à l’ennui. Tout comme Pascal affirmait que « tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre« , pour Schopenhauer l’Homme se crée des désirs pour oublier sa condition absurde. Au final, ce cycle sans fin d’accomplissement et de recherche de nouveaux désirs entraine de la souffrance, car le bonheur de l’Homme dépendant de la satisfaction de ces désirs, l’insatisfaction de ces derniers le rend malheureux.

Comment remédier à la souffrance?

Pour Schopenhauer l’Homme souffre car il n’a pas de raison d’être. Il décrit alors la race humain comme étant uniquement le moyen par lequel la vie se perpétue. Selon lui, il y a beaucoup plus de souffrance que de bonheur dans la vie et pour mettre fin au cycle de souffrance l’Homme doit arrêter le cycle de reproduction, ainsi la souffrance ne se perpétuera plus. On comprend désormais pourquoi ses confrères le qualifiaient de pessimiste ! Pour finir, selon Schopenhauer, la seule chose qui puisse apaiser temporairement la souffrance est l’art, car il provient du monde de la volonté.

Autres œuvres

Les thèmes qu’Arthur Schopenhauer a le plus développés au cours de sa vie sont la métaphysique, le désir, la raison, l’esthétisme et la religion. Hormis Le monde comme volonté et comme représentation, voici une liste de ses œuvres principales :

  • L’art d’avoir toujours raison
  • Parerga et Paralipomena
  • Métaphysique de l’amour
  • De la quadruple racine du principe de raison suffisante
  • Autres essais (Sur la religion, Sur le libre arbitre, Sur les femmes)

Conclusion

Pour conclure, voici ci-dessous quelques citations complémentaires :

« Il faut donc choisir de deux choses l’une : ou souffrir pour se développer, ou ne pas se développer, pour ne pas souffrir. » – Theodore Jouffroy

« La conscience, c’est la vie. L’inconscience, c’est la mort. Entre les deux, c’est la souffrance » – Pierre Fillion

« Le désir, de sa nature, est souffrance; la satisfaction engendre bien vite la satiété; le but était illusoire; la possession lui enlève son attrait; le désir renaît sous une forme nouvelle, et avec lui le besoin; sinon, c’est le dégoût, le vide, l’ennui, ennemis plus rudes encore que le besoin. » – Arthur Schopenhauer

Retour en haut