La tradition de Pâques en Allemagne

Même si elle a été quelque peu supplantée par Noël en Allemagne, Pâques est la fête suprême de la chrétienté. Depuis le Concile de Nicée en 325, Pâques a lieu le dimanche après la pleine lune printanière, et marque la fin des quarante jours du Carême. Pâques est entouré de mystères en Allemagne. Comme beaucoup de fêtes de l’année ecclésiastique, cette grande fête printanière assimile d’anciennes traditions païennes à des évènements bibliques. Mais autant qu’il est facile de déterminer pourquoi Pâques s’appelle Pâques dans les langues latines – la fête chrétienne est interprétée comme l’équivalent de Pessah, des Pâques juives -, autant les origines de la dénomination allemande, Ostern, se perdent dans la nuit des temps. Au 8e siècle de notre ère, l’évêque anglo-saxon Beda Venerabilis (et bien plus tard les frères Grimm) la crut dérivée du nom d’une déesse germanique de l’aurore, Ostara, ou Eostre en ancien anglais, ce qui expliquerait son nom anglais, Easter.

Malheureusement, on ne trouva aucune preuve concluante de l’existence de cette déesse. D’autres proposèrent des traductions de divers mots latins ou grecs, comme « l’aurore » ou « l’est », car Jésus était sensé revenir de l’est, comme le soleil. Ceci donnerait effectivement « eostarum » en ancien haut allemand. Or, dans tous ces cas il faut supposer des traductions erronées. On pense aujourd’hui que le mot Ostern fait plutôt allusion au baptême, qui revêt une importance centrale au sein de la fête chrétienne de Pâques. La religion germanique païenne connaissaient elle aussi une sorte de baptême qui était appelé « vatni ausa » (verser de l’eau), du verbe « austr » (verser). Comme dans le baptême chrétien, le baptisé était considéré nouveau-né et recevait un nouveau nom. Cette fête serait donc en même temps très ancienne et caractérisée d’une étonnante continuité. Ainsi, Pâques symbolise la résurrection du Christ et la nouvelle vie du croyant, mais aussi la résurrection de la vie et de la fécondité après l’hiver. On comprend aisément qu’elle s’accompagne de symboles de la vie, de couleurs vives et de rituels joyeux.

 L’origine de l’oeuf de Pâques

Parmi eux, l’œuf tient la première place. Ici encore, la tradition se nourrit de multiples origines. D’abord, la consommation d’œufs et de toutes autres nourritures animales était interdite lors du Carême. Quelle chance que Pâques offrait la possibilité de rattraper les plaisirs manqués. D’autant plus qu’au printemps, les poules pondent plus d’œufs qu’en hiver. Pour cette raison, c’est sous la forme d’œufs que les paysans payaient leur dîme depuis le 9e siècle de notre ère. Au fil du temps le don d’œufs est rentré dans les mœurs et est allé au-delà d’une simple forme d’impôt en nature.

Au 16e siècle, il s’était mué en cadeau fait aux enfants, d’abord de la part des parrains, puis des parents. De cette manière, une ancienne tradition préchrétienne fut réintégrée dans les us et coutumes de l’Europe occidentale. Elle avait survécu au sein du christianisme orthodoxe, où l’on se faisait (et se fait toujours) cadeau d’œufs colorés en rouge. L’antiquité gréco-romaine connaissait l’œuf en tant que symbole de la prospérité et du bonheur, et la couleur rouge était la couleur traditionnelle des sacrifices. Aujourd’hui encore, les œufs magnifiquement colorés, peints et décorés ont une grande tradition en Europe de l’Est. En Allemagne, elle est surtout portée par l’ethnie slave des Sorbes.

Fontaines de Pâques (Osterbrunnen)

Des villages décorent pendant la période de Pâques leurs fontaines avec des fleurs et des œufs de toutes les couleurs. L’origine de cette coutume n’est pas certaine, mais il semble que cette tradition a débuté au début du 20e siècle au nord de la Bavière, dans la région de la Franconie. Aujourd’hui elle se répand un peu partout en Allemagne.
Fontaine de Pâques à Schorndorf, photot Dr. Eugen Lehle, lic. GNU

C’est lors de la réformation qu’apparut en Allemagne une légende selon laquelle ce serait un lapin, le lapin de Pâques, qui peint les œufs et les cache dans le jardin ou dans la maison pendant la nuit de Pâques. Le dimanche matin, les enfants se mettent à leur recherche. L’origine de cette légende est inconnue, même s’il y a une symbolique du lapin liée à la résurrection dans certains écrits chrétiens du 13e siècle. Ce qui est certain, c’est que cette légende apparut au cours du 17e siècle parmi des familles protestantes urbaines, et qu’elle se répandit ensuite partout en Allemagne et même au-delà. Il existe de nombreuses autres traditions partiellement païennes liées à Pâques, telles que le feu de Pâques (Osterfeuer) ou la roue de Pâques (Osterrad), mais aucune d’entre elles ne peut disputer la place à l’œuf et au lapin de Pâques.

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