L’éducation bilingue

Avoir deux langues à la maison n’est pas si facile que ça en à l’air- C’est la raison pour laquelle il existe aujourd’hui de plus en plus d’écoles publiques  bilingues, notamment dans les grandes villes européennes comme Paris ou encore Berlin. Face aux nombreuses questions que les parents peuvent se poser, les traducteurs bilingues de Berlin Translate reviennent sur rapidement sur l’éducation bilingue dans cet article:

Une vision handicapante du bilinguisme au19e siècle:

De nombreux enfants grandissent dans un environnement bilingue, voire plurilingue, tout simplement du fait que deux langues (ou plus) sont parlées dans leur milieu d’origine. Cependant, dans les sociétés occidentales du 19e siècle et du début du 20e siècle, cela apparaissait plutôt comme un handicap que comme une chance. Ainsi, à la fin du 19e siècle, un éminent professeur anglais pouvait déclarer (en toute impunité !) : « Si un enfant vivait, dès l’origine, dans le contexte de deux langues, à égalité totale, ce serait terrible pour lui. Au lieu d’être multiplié par deux, son développement serait au contraire amputé de moitié. Il lui serait très difficile, dans de telles conditions, de parvenir à une unité d’esprit et de caractère »1. En outre, l’idéologie nationaliste, alors dominante, consistait à dire et à penser que les frontières nationales délimitaient « naturellement » des territoires monolingues ; aussi, l’appartenance à deux nations à la fois paraissait-elle suspecte. Les personnes bilingues étaient considérées comme des traîtres en puissance.

Une vision valorisante du bilinguisme au 21e siècle:

Fort heureusement, ces préjugés sont aujourd’hui largement dépassés. De nos jours, le bilinguisme est devenu monnaie courante dans les grandes villes et se définit, sur un plan fonctionnel, comme la capacité à communiquer dans deux (ou plusieurs) langues, indépendamment du niveau de compétence de la personne concernée dans chaque langue en question, du mode d’acquisition de ces compétences et de l’âge auquel elles sont acquises, ou encore indépendamment des relations psycholinguistiques qui existent entre les différents idiomes constituant la « palette » de la personne en question. Dès lors, selon cette définition, on peut considérer que la majorité de la population mondiale est bilingue. Et cette compétence bilingue, même asymétrique, est de plus en plus perçue comme une richesse, plutôt que comme un handicap. De plus en plus souvent, également, le bi-(ou pluri)linguisme d’un enfant résulte d’un choix délibéré des parents. Comme le disait une mère de langue française vivant dans un contexte germanophone : « J’aimerais que mes enfants soient bilingues ; j’ignore ce que je leur apprendrai d’autre, mais en tout cas, le bilinguisme a été pour moi une véritable révélation depuis que je vis à Bâle ». On peut, dans de tels cas, parler de stratégie d’éducation bilingue. Et, de manière plus générale, on peut désigner par la formule « éducation bi/plurilingue » toute stratégie éducative particulière de parents, de collectivités ou de gouvernements visant au développement du bi/plurilinguisme de l’enfant.

Modèles « fort » et « faible » d’éducation bilingue

Cette première classification des modèles est fondée sur les objectifs généraux de l’enseignement bilingue. Ainsi, on peut distinguer, avec Colin Baker, des modèles « faibles » et des modèles « forts » :

  • Le modèle « faible » d’enseignement bilingue considère le bilinguisme non pas tant comme un but en soi que comme un stade intermédiaire entre le monolinguisme de première langue (L1) et le monolinguisme de deuxième langue (L2). En l’occurrence, on parle habituellement de modèles transitoires. Certains de ces modèles (cf. ci-après) offrent un enseignement de première langue tellement limité et un passage de l’élève vers l’étude de la deuxième langue (L2) à un âge tellement jeune qu’ils ne peuvent être rattachés à la notion d’« enseignement bilingue » telle que nous l’avons définie plus haut. Ce type de modèle ne répond pas aux préoccupations légitimes des parents, et ne correspond pas non plus aux normes définies par le Conseil de l’Europe.
  • A l’opposé, le modèle d’enseignement bilingue « fort » vise à faire acquérir au futur adulte le bilinguisme ou plurilinguisme, ou encore une véritable compétence bi/plurilingue. En d’autres termes, ce type de modèle considère l’« éventail plurilingue », sous ses différentes formes, comme une ressource appréciable, et constitue un instrument en vue de parvenir à cet objectif. Ce type de modèle répond aux aspirations des parents qui vivent dans des contextes multilingues et souhaitent que leurs enfants soient compétents dans plusieurs langues.

Ainsi dans un programme bilingue fort, la langue n’est pas considérée comme une matière en temps que telle, mais est au contraire intégrée dans le programme choisi. La langue n’est pas l’objet enseigné, elle est l’instrument utilisé pour enseigner le programme. Nous n’enseignons donc plus une langue, nous enseignons dans cette langue. Comme la linguiste Madeleine Lowenthal le dit, être bilingue signifie parler deux langues sans les avoir apprises. Dans une éducation bilingue les enfants apprennent la langue sans s’en rendre compte.

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